Les étangs piscicoles : puits ou sources de carbone ?
Résumé
Les étangs jouent un rôle majeur dans le cycle global du carbone. Ils ont à la fois la capacité à être des puits de carbone à travers la sédimentation mais sont, en même temps, des émetteurs importants de gaz à effet de serre (CO2 et CH4 principalement). Le carbone atmosphérique est capté par les producteurs primaires (algues et plantes aquatiques) lors de la photosynthèse. A l’inverse, les milieux aquatiques contribuent à plus de la moitié des émissions de méthane d’origine anthropique. Dans un contexte de changement climatique, le rôle des étangs piscicoles, comme potentiels puits ou sources de carbone, et l’influence des pratiques piscicoles appliquées, sont peu connus.
Pour cela, nous avons suivi 20 étangs piscicoles de la Dombes (Ain, France) pendant une saison de production en 2022 et 5 d’entre eux pendant leur année d’assec en 2023. Nous avons mesuré à la fois la sédimentation et le carbone organique stocké dans les sédiments. Mais aussi les différents types d’émissions (diffusion et ébullition) de CO2, CH4 et N2O au cours de trois saisons (printemps, été et automne) dans le but d’estimer leur bilan carbone (stockage – émissions).
Nos résultats montrent une forte variabilité pour les différents paramètres mesurés. En moyenne, les étangs apparaissent comme étant des puits de carbone (4,16 tonnes de CO2 équivalent par ha sur 6 mois ; 6 étangs comme sources et 14 comme puits). Le stockage est en moyenne de 12,24 tonnes et les émissions de 8,08 tonnes. L’ébullition de méthane représente le flux majoritaire. Pendant l’année d’assec, les étangs suivis sont des sources de carbone pour l’atmosphère avec une moyenne de 23,89 tonnes de CO2eq/ha/6 mois émises. Sur un cycle de production global (6 ans), les étangs piscicoles semblent être des sources de carbone. Ces bilans sont majoritairement expliqués par les producteurs primaires, sous l’influence des pratiques de gestion comme la fertilisation ou l’assec.
Ces données confirment que les étangs piscicoles peuvent à la fois être des puits ou des sources de carbone. Néanmoins, en favorisant la présence de plantes aquatiques et d’un bon niveau de production primaire, les pratiques de gestion apparaissent comme des leviers intéressants pour faire de ces étangs des puits de carbone. Ces agroécosystèmes pourraient donc jouer un rôle important au sein des paysages agricoles dans un contexte de changement climatique.
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